Le temps des seigneurs guerriers commence à Prigny où l’envahisseur normand s’installe durablement, écumant les rives du golfe, de Noirmoutier à Machecoul. Après lui, le seigneur Judicaël gouverne pour le comte de Nantes. Sa tour sur le rocher, reçoit garnison et il perçoit l’impôt. Plus près de la mer, un autre château s’élève au Bois des Tréhans. Lorsque la Bretagne se déchire entre deux seigneurs au XIVe siècle, La terre « entre les deux châteaux » est parcourue des cavalcades des guerriers qui brûlent et dévastent églises et prieurés, manoirs et humbles demeures. À la fin du Moyen-âge, c’est le seigneur Gilles de Rais qui hante les lieux.

               Gouvernance de femme. Les anciens Monastériens l’appelaient Madite Dame, les actes la qualifie d’Humble et dévote, la prieure des Moutiers détient pouvoir et autorité sur le Bourg-des-Moutiers du XIe siècle à la fin de l’ancien régime. Pouvoir juridique avec le droit de justice et la perception des dîmes, pouvoir économique avec le marché (la cohue), débouché des productions locales de l’arrière-pays. Aux terres à blé, se mêle ici de toute antiquité la vigne sur le coteau où en rive de la mer. Propriétaire de salines et d’écluses de mer, le prieuré s’inscrit dans l’économie du sel et du poisson si importante au Moyen-âge. La mairie des Moutiers occupe aujourd’hui l’espace de l’ancien manoir du prieuré.

               Histoires de pierres. L’antiquité revient à la chapelle de Prigny connue depuis le XIe siècle Cet écrin roman primitif abrite trois jolis retables du XVIIe siècle qui, avec leurs statues anciennes, témoignent de l’importance des saints guérisseurs et du passage des pèlerins de Compostelle. L’ensemble est aujourd’hui protégé au titre des monuments historiques. Protégé aussi le grand retable de l’église Saint-Pierre du bourg qui embellit une église aujourd’hui restaurée dont certains éléments rappellent aussi le XIe siècle. La lanterne des morts, sur la place du village, également classée, est un mystérieux monument, maintes fois rebâti, elle est autant un témoignage architectural qu’un symbole identitaire de notre commune comme le prouve l’attachement des Monastériens à en faire perdurer la tradition et le fonctionnement.

               Histoires de sel. Les Moutiers ne sont qu’un des producteurs de Sel de la Baie, moins importants que Noirmoutier, Bourgneuf ou l’Île de Bouin, mais l’espace portuaire du Collet est le premier exportateur de l’or blanc. Dès le Moyen-Age, la Hanse teutonique envoie ses houlques et ses kogges chercher cette denrée indispensable pour conserver les harengs de la Baltique. En hiver, jusqu’à 250 gros bateaux se trouvent ensemble dans le bras de mer du Falleron, où au XVIIIe siècle les fonds sont de plus de 10 mètres. Des gabarres viennent y charger le sel pris dans les ports d’étiers.

Après un demi-siècle d’arrêt, l’activité saunière a repris au début du Troisième millénaire dans notre commune. En visitant la Tenue de Mareil et en faisant bon accueil à ses produits, vous vous souviendrez que notre baie au dire de François Ier fut « Pérou pour la France » et que le Collet fut le port international du sel.

               Histoires de mer. Jusqu’à la fin du 1er empire, les Moutiers sont considérés comme un pays de marins. La mer joue un rôle primordial dans notre histoire. C’est par mer qu’au IXe siècle les Normands arrivent aux Moutiers et s’installent à Prigny. Pendant la guerre de succession de Bretagne (épisode local de la Guerre de Cent ans au XIVe siècle), des milliers de soldats espagnols puis anglais débarquent sur notre côte et dévastent le pays. C’est encore au large du Collet qu’Henri IV, en 1588, fait croiser la flotte huguenote. En 1674, pendant la guerre de Hollande, l’escadre hollandaise entre en baie et débarque des troupes à Noirmoutier. Mais la côte monastérienne ne connaît pas que les guerres. La pêche y est prospère, les « chattes » partent quotidiennement au rythme des marées et le port de La Bernerie est célèbre au XVIIIe siècle pour ses expéditions morutières à Terre-Neuve.

Au XIXe siècle le « désir de mer » attire le villégiateur qui construit sur la dune. La pêche à pied a toujours ses amateurs, habitants ou estivants. Les pêcheries prennent la place des écluses à poissons. Les Moutiers, station balnéaire depuis le début du XXe siècle, accueille de plus en plus « d’étrangers » et de baigneurs. Les Trente glorieuses inaugurent le temps du tourisme triomphant, mais le village se garde bien d’en reproduire les excès.

 

Car ici, la Mer est à la Campagne…

 

                   La naissance d’une commune. L’année 1790 voit la naissance de deux communes, Prigny et Le Bourg-des-Moutiers. La première disparaît en 1815, absorbée par la seconde après avoir vu son maire tué lors de l’épisode révolutionnaire. Le premier maire des Moutiers est un officier de marine en retraite, originaire du village des Carrés, alors village de la Bernerie. Jusqu’en 1863, les maires sont tour à tour originaires de Prigny, du Bourg des Moutiers et de La Bernerie. Après la séparation des paroisses en 1840, 1863 voit la séparation des deux communes.

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